“Je veux peindre et aimer”, l’interview d’Evelyne Dress
Ecoutez Evelyne parler de son prochain livre, en librairie le vendredi 24 février.
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Ceux qui me lisent, et qui sont devenus mes amis, savent qu’il y a toujours une part autobiographique dans mes romans.
Cette fois, Rebecca, mon héroïne, est peintre, tout comme moi dans une de mes vies.
J’ai toujours regretté de n’avoir pas écrit les sentiments qui m’avaient traversée lorsque j’ai pris les pinceaux et de ne pas les avoir racontés comme l’a fait Henry Miller dans son roman « Peindre c’est aimer à nouveau ». Eh bien, cette fois, c’est fait !
Comme souvent les peintres, mon héroïne enseigne pour gagner sa vie, et je lui ai prêté une toile que j’ai peinte et qui a été exposée au Grand Palais en 1987.
En attendant de le trouver en librairie, le 24 février, je vous en livre un extrait :
Enseigner relève de la vocation. Au départ, je n’en avais aucune, mais au fil du temps j’ai appris à transmettre et cela m’a plu. En vérité, mes cours me faisaient grandir tout autant que mes élèves, ils m’aidaient à apprendre de moi et je progressais dans mon art. J’ambitionnais de créer une œuvre où l’âme pourrait trouver toutes les aspirations de rêve, de tendresse, d’amour, d’enthousiasme et d’élévation spirituelle.
Ayant de l’appétit pour les grands formats, j’avais commandé chez les Frères Vasserot, les quincailliers, deux toiles au format « paysage ». Une fois assemblées, elles faisaient 195 cm de haut sur 228 cm de large. Aussitôt le matériel reçu, je m’aventurai dans la réalisation d’un diptyque : « Concupiscence ou les Filles du Calvaire ». Sur le panneau de droite, un groupe de religieuses étaient en prière sur un cornet de glace à deux boules. Sur le panneau de gauche, la mère supérieure, de dos, scrutait l’horizon semblant vouloir répondre à l’éternelle question : « Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? »
Ma peinture était l’expression de mes sentiments. Jour et nuit, j’accouchais de ma pauvre vie : comme ces religieuses, j’avais épousé ma solitude, mais j’étais obsédée par le manque de Georges, je le désirais dans mes rêves, je voulais sentir ses mains partout sur mon corps. Il avait été la plus belle chose qui me soit arrivée dans ma jeune vie et je ne pouvais l’effacer de ma mémoire.