Récréations littéraires
Albert-Antoine Cimochowski, dit Albert Cim (1845-1924), est un journaliste, critique littéraire, linguiste, romancier et bibliographe français. Auteur de romans et nouvelles, d’ouvrages pour la jeunesse, d’études documentaires, et d’ouvrages bibliographiques, dont le monumental Le livre – historique, fabrication, achat, classement, usage et entretien, en cinq volumes (1905-1908), a été couronné par l’Académie française.
Lecteur attentif et méticuleux, Albert Cim manque parfois un peu de poésie et rejette les effets de style comme le zeugma, syllepse ou les licences poétiques :
« Il avait reçu deux graves blessures, l’une à la jambe, et l’autre à Waterloo. »
« Le lapin est un animal timide et nourrissant. »
Il se moque gentiment du style ampoulé comme dans les expressions : « aiguiser l’imagination par la lime de la parole », « pêcher, avec la ligne de la réflexion, dans le lac de la mémoire » ou « ne cessez de frapper avec le marteau de la réflexion sur l’enclume de la méditation » (qui est une l’exhortation de réfléchir avant d’agir).
Mais le plus souvent Albert Cim s’arrête sur des formulations alambiquées, abstruses, issues d’une utilisation irréfléchie, automatique ou incorrecte d’expressions toutes faites, lieux communs ou idiotismes, que ce soit par inattention ou par ignorance, par manque de goût ou par manque d’esprit critique :
« Il croyait avoir découvert la panacée universelle. »
« Son chapeau bosselé, déchiré, n’avait plus figure humaine. »
« Une pauvre veuve qui n’avait qu’un fils unique. »